lundi, décembre 18, 2006

Now I Wanna Sniff Some Glue

La naïveté volontaire d'une chanson des Ramones a quelque chose de profondément rafraîchissant. Peu de gens ont su aller droit au but avec autant d'intelligence appliquée à la crétinerie la plus profonde.

Prenez le premier album des Ramones, posez-le sur la platine — ou dans la platine si vous avez un de ces fichus lecteurs de CD — et allez tout droit à « Now I Wanna Sniff Some Glue » pour 1:35 de pur bonheur crétinoïde.

Le texte est composé en tout et pour tout d'une strophe de quatre vers répétée deux fois, avec un break « one-two-three-four-five-six-seven- eight » entre les deux couplets. Qui sont eux-mêmes la quasi répétition de deux vers où seul le sujet change :

Now I wanna sniff some glue
Now I wanna have somethin' to do
All the kids wanna sniff some glue
All the kids wanna have somethin' to do

Et voilà. Plus basique, tu meurs. Pourtant, comme on peut le constater, il y a un sens profond dans ce texte. Par la répétition, le chanteur se présente comme un gosse. Qui sniffe de la colle parce qu'il s'ennuie. La chanson n'exprime rien d'autre.

Pas si bête, en fait.

Une telle simplicité relève du grand art et l'aspect primitif de la musique suggère que les Ramones lorgnent ici volontairement vers un minimalisme qui, en un sens, n'a rien à envier à celui des compositeurs plus expérimentaux — ni à celui d'un morceau aussi antique que « Be Bop A Lula ».

Il y a du génie là-dedans.

mercredi, octobre 18, 2006

Les New York Dolls n'ont fait qu'un album


C'est France Inter qui le dit : un seul album intitulé Too Much, Too Soon, d'où est tiré « Personality Crisis », l'un des morceaux passé à l'antenne. La pochette ci-contre est donc une contrefaçon, tout comme le disque dans ma discothèque. Il n'y a jamais eu d'album simplement baptisé New York Dolls dont la première face commencerait, éventuellement, par « Personality Crisis ».

Comme ils jouent ce soir à Paris, le deuxième titre diffusé était extrait du récent album sorti par les deux survivants : David Johansen et Sylvain Sylvain. Rien de mémorable. Un truc carré et compétent. Justement.

Tout se perd, ma bonne dame.

vendredi, octobre 06, 2006

S'il y a un économiste dans la salle


Comme je le disais l'autre fois, il reste à trouver un modèle économique pour la musique libre. Il me semble que le modèle en question a des chances de prendre la forme d'une nébuleuse de modèles plus petits, plus « sectorisés ». En fait, il ne peut être que modulaire : une myriade de filières économiques formant un tout organisé autour de la musique en copyleft.

S'il y a un économiste dans la salle, il a le droit de donner son avis sur la viabilité d'un tel ensemble. Et de suggérer quelques solutions le cas échéant.

Prenons l'exemple d'un morceau sous licence Creative Commons 2.5 by-nc-nd. Il est copiable, diffusable, etc. du moment qu'on n'en fait pas un usage commercial — et on n'a pas le droit de le modifier ou d'en emprunter des bouts. Je précise cette licence n'obère pas la possibilité pour le(s) propriétaire(s) du morceau d'autoriser un usage commercial ou un sample ou une reprise, etc. Il suffit de lui/leur demander ; grâce au wèbe, ce n'est vraiment pas difficile. (Je passe sur la définition à géométrie variable de l'« usage commercial ». Il y aurait vraiment trop à dire.)

Maintenant, imaginons que le(s) auteur(s) du morceau en question désire(nt) que ce morceau leur rapporte des sous. La première idée qui me vient à l'esprit est de faire un disque. Bon, ça nécessite d'avoir d'autres titres, mais c'est généralement le cas.

Recourir à la filière du disque revient bien entendu à emprunter un bout du modèle économique dominant. Ça ne mange pas de pain. Le disque est un produit éprouvé, on connaît bien ses seuils de viabilité économique, le réseau de diffusion est clairement identifié. Il offre des choix multiples, du pressage privé d'un vinyle autoproduit à cinquante exemplaires à la production de masse de CD.

Si l'on considère le disque, et le disque uniquement, avec l'œil d'un acheteur éventuel, ça ne fait aucune différence que les auteurs des titres qui y figurent adhèrent à une société de gestion des droits ou qu'ils aient choisi une licence libre. De ce point de vue, le copyleft ne constitue pas un handicap. Et c'est un avantage dès lors que l'on considère ce que cet acheteur, s'il a fini par craquer, va pouvoir faire légalement de ce disque : le copier sous une forme ou sous une autre pour lui-même ou pour sa petite amie, sa sœur, son meilleur pote ; le diffuser sur son site pour le faire découvrir à d'autres, qu'il ne connaît pas forcément ; le partager via le peer-to-peer ou de toute autre manière qui lui plaira…

De toute manière, dans le cas de figure que j'ai choisi, le disque y est déjà, sur le wèbe. Écoutable et téléchargeable en mp3, en ogg, etc. Et ce sont ses ayant droits qui l'y ont mis.

Oui, bon, d'accord, me direz-vous. Mais qui irait payer pour ce qu'il peut avoir — ou même a eu — gratuitement ?

Je vous épargne la sempiternelle démonstration sur la différence de qualité sonore. Qui est déjà presque obsolète, d'ailleurs : avec l'accélération de la vitesse de transmission, les formats compressés finiront tôt ou tard par s'effacer en faveur des formats lossless. L'acheteur peut avoir beaucoup de raisons de faire l'emplette de ce disque, mais celles qui reviendront le plus souvent seront a priori 1) pour aider l'artiste et 2) pour l'objet. Et l'on peut supposer qu'un individu enclin à acheter un disque pour aider un artiste sera d'autant plus tenté de le faire si l'objet qu'on lui propose est séduisant, offre un plus tangible par rapport à une simple copie numérique, même d'excellente qualité.

C'est ici que ce bout de modèle économique diverge du modèle dominant. Car cette mise en avant de l'aspect « objet » du disque joue en faveur du vinyle. Et d'autant plus à une époque où les publicitaires vont jusqu'à l'employer pour suggérer une idée de luxe. Si l'on désire aider un artiste dont on a déjà téléchargé la musique en copyleft, on peut tout aussi bien acheter un vinyle qu'un CD.

Cette filière ne concerne naturellement pas ceux qui n'ont pas de platine vinyle et ne désirent pas en acquérir une. Mais, je le rappelle, c'est un petit champ économique parmi bien d'autres, qui demeurent sans doute à inventer pour la plupart.

Tout repose en fait sur le pouvoir de fascination que le vinyle est capable d'exercer sur les amateurs de musique. Pour un support que l'on disait condamné, il ne se porte pas si mal : les nostalgiques du passé et les DJ lui ont évité de disparaître alors que les majors l'avaient condamné. Bien sûr, on ne reviendra jamais à l'époque où il dominait le marché de la musique. Mais ce n'est pas le but.

Là où je veux en venir, c'est qu'il est possible qu'il y ait — ou qu'il y aura un jour — un marché spécifique pour des vinyles dont les titres seraient en libre diffusion sur le wèbe et ailleurs, et que son importance dépendra sans doute de la place occupée par le vinyle dans l'inconscient collectif. Cela dit, une partie du marketing est déjà faite : lorsqu'un spot de pub l'emploie pour suggérer le luxe, chaque passage de ce spot inscrit de plus en plus profondément cette idée dans l'esprit de ceux qui voient les images.

Le marketing n'a pas pour but de vous vendre un objet, mais une idée d'objet, je suis curieux de voir si l'idée du vinyle peut être favorable au copyleft.


Et vice versa.

samedi, septembre 30, 2006

En toute indépendance et en toute liberté

L'actuel mouvement de la musique « libre » n'aurait pu naître sans le wèbe, c'est une évidence qui crève les yeux. Jamais, dans toute l'histoire de l'espèce humaine, il n'a été possible de transférer si aisément — et si rapidement — des données d'un bout à l'autre de la planète. Et, à plus forte raison, des morceaux de musique.

En raison de cette facilité, des obstacles sans cesse plus nombreux — vous avez dit DADVSI ? — ont commencé à s'élever pour empêcher, entre autres, la libre circulation de la musique. Et la plupart des obstacles en question sont de nature juridique. Car, voyez-vous, toute musique a un, que dis-je ? des propriétaires, des ayant droits, appelez-les comme vous voulez. Derrière une chanson, il peut y avoir tout un tas de personnes, physiques ou morales, qui réclament leur dû, de l'auteur et du compositeur au producteur et à l'organisme de gestion, en passant par l'interprète et, éventuellement, l'arrangeur. Même si l'un des maillons de cette chaîne décide de renoncer à tout ou partie de ses droits pour faciliter — par exemple — la diffusion, les autres sont là pour l'en dissuader.

Le mouvement de la musique libre est aussi né de là. De cette volonté de contrôle total de la part de certains ayant droits ou de leurs représentants. Ainsi, avec la SACEM, c'est tout ou rien : si vous y êtes, vous y êtes pour ainsi dire corps et âme. Impossible d'y déposer certains de vos morceaux chez eux et de faire ce que vous voulez du reste, comme ça se passe par exemple au Québec. La SACEM veut l'exclusivité. Le monopole.

Je n'ai pas l'intention de juger ici cette politique, qui peut tout à fait se défendre. Après tout, comme je l'ai déjà écrit ailleurs sur ce blogue, la SACEM est née d'une idée nécessaire et généreuse : rétribuer auteurs et compositeurs de musique en fonction de l'utilisation qui est faite de leurs œuvres. Et elle continue à accomplir cette fonction depuis un siècle et demi. Peut-être est-elle mal gérée, comme le disent certains ; peut-être — sûrement — a-t-elle besoin de s'adapter à un monde qui évolue très vite. Cela viendra assurément.

Ce qui me paraît clair, c'est que la musique libre, mouvement d'apparition récente, a pris de vitesse cette vieille dame un peu bornée. Parce qu'un artiste cherche avant tout à faire connaître son art, et à toucher le plus grand nombre de gens possible. Or, dans le cas de la musique, l'évolution technologique des vingt dernières années a déclenché ce que j'appellerais bien une révolution si le terme n'était pas tant galvaudé. Grâce à tout un tas d'innovations techniques que je ne vous ferai pas l'affront d'énumérer, de plus en plus de gens enregistrent aujourd'hui leur musique à moindre frais. Ce n'était pas le cas il y a ne serait-ce qu'un quart de siècle ; ça explique pourquoi de nombreux groupes n'ont pas laissé de trace discographique — ou si peu.

On n'a jamais produit autant de musique enregistrée. Et ce n'est pas fini.

Seulement, si tous ces morceaux existent, c'est bien pour qu'on les écoute. Là intervient l'innovation technologique ultime, la cerise sur le gâteau, j'ai nommé le wèbe. Une chanson mise en ligne possède des millions, des dizaines de millions, bientôt des milliards d'auditeurs potentiels. (Savoir si elle va les trouver est une autre question.) Mais, pour que cette diffusion soit efficace, elle doit être gratuite. Ben oui. Parce que la plupart des gens qui ont envie d'échanger ou de diffuser de la musique sur le wèbe n'ont pas de sous à filer à la SACEM ou à tout autre organisme équivalent : ils fonctionnent sur l'idée de partage.

Dès lors, les artistes sont confrontés à une alternative simple : soit ils s'inscrivent à la SACEM, en échange de quoi ils seront rémunérés pour toute utilisation d'une de leurs œuvres mais perdront également le droit de décider qui peut diffuser leur musique et sous quelles conditions ; soit ils décident de ne pas s'y inscrire, choisissent une licence libre, protègent leurs morceaux d'une manière ou d'une autre et lâchent leur bébé sur le réseau.

Cette deuxième démarche n'a évidemment aucun intérêt si vous vous appelez, au hasard, Didier Barbelivien. Mais personne ne s'étonnera qu'elle apparaisse infiniment séduisante à tous ceux qui préfèrent être écoutés plutôt que de toucher — un peu — d'argent. Et ils sont de plus en plus nombreux, pour les raisons évoquées plus haut.

Attention, je ne parle pas seulement des amateurs qui bricolent pour le plaisir et aux yeux de qui la question financière est secondaire. Ce n'est pas parce que vous laissez les gens partager gratuitement votre musique que vous ne pouvez pas vendre des disques, donner des concerts, etc. Même si la musique libre doit encore trouver un ou des modèles économiques viables, elle n'attire pas que des dilettantes. N'oublions pas que beaucoup d'artistes inscrits à la SACEM — ceux dont les morceaux ne sont quasiment jamais diffusés dans les médias — ne touchent que des clopinettes.

Je n'aime pas faire des prévisions — et encore moins des prédictions, c'est une déformation professionnelle. Néanmoins, il est difficile de nier que nous sommes au début de quelque chose. Si vous avez bien suivi le raisonnement ci-dessus, vous tomberez d'accord avec moi sur l'idée que le phénomène de la musique libre ne peut tout simplement pas retomber. Jusqu'où croîtra-t-il ? Bien malin qui saurait le dire aujourd'hui.

Nous avons les outils. À nous d'apprendre à nous en servir, non dans le but de faire concurrence à la SACEM, mais bel et bien pour porter notre travail — notre art — à la connaissance du plus grand nombre de gens possible en toute indépendance et en toute liberté.

mercredi, septembre 27, 2006

Nous avons les moyens de vous faire parler !

Voici la surprise annoncée : une interview exclusive de Dead Joshua, assaisonnée d'une sélection spéciale sur le player BnFlower :

Pourrais-tu te présenter ?

— Entrer dans la salle tv de la résidence universitaire, la nuit, c'est un peu comme entrer dans la 4ieme dimension. Y'a là des chaises et des étudiants, immobiles, en train de fixer un truc étrange dans l'obscurité. Un truc qui clignote et qui projette de chouettes ombres de chaises et d'étudiants immobiles... j'en suis sidéré. ça mérite bien un café-clope, histoire de réfléchir un peu à tout ça. Je me trouve donc un coin tranquille, pour m'y accroupir avec mon gobelet tout chaud, et je me dis qu'il faudrait mixer le petit vacarme que je suis en train de composer avec un fond sonore. Une fréquence inutilisée de ma radio, peut-être. Ou un riff de gratte à l'envers, à peine audible... J'y retourne.

Donc, tu réalises tous tes morceaux seul avec une guitare, un quatre pistes et des samples, c'est bien ça ?

— Oui. Vers 1995/96, j'ai rencontré Ben. Un type vraiment génial. Il avait un quatre piste sur K7 et on passait notre temps libre à y coller des arrangements basse/guitare/boite à rythme. On avait aussi d'autres activités, comme faire des excursions nocturnes, déguisés en ninjas et armés d'un nagra, histoire de sonoriser les pigeons dans les usines désafectées. Mais plus tard, le coup du quatre pistes, ça m'a manqué, et j'ai peu à peu rassembler le matériel pour pouvoir à nouveau enregistrer mes morceaux.

Tes morceaux se partagent entre un rock lo-fi très noisy et minimaliste et des titres plus expérimentaux, comme par exemple « Collapse » et « ! ». Vois-tu une continuité de l'un à l'autre ? Ou bien s'agit-il de facettes différentes de ta sensibilité musicale ?

— Eh bien... Un jour, j'ai rencontré Stéphan. Il avait transformé toute une pièce, chez lui, en laboratoire audio. Y'avait des diagrammes étranges scotchés aux murs, des cables dans tous les sens et des claviers de synthés reliés à des machines avec tellement de potards dessus qu'on se serait cru dans le cockpit d'un vaisseau spatial ! C'était hallucinant les sons qui sortaient de son installation... Plus tard, je suis tombé sur une simulation PC d'un synthé analogique. Rien à voir avec la machinerie de Stéphan, mais j'ai fait quelques « branchements », et ça a donné « Collapse ». Disons que y'a des trucs que j'ai entendu et qui m'ont laissé un souvenir suffisamment fort pour me donner envie d'en faire ma propre version, pour voir. Je me suis aussi essayé au trip-hop, mais là, j'étais pas vraiment au point...

Quelles sont tes références essentielles en matière de musique ?

— Ah... Noir Désir, dans les premiers albums (j'ai dansé un slow inoubliable sur « Marlène »). Hum... Les Pixies, Sépultura. Le deuxième album de [no one is innocent] m'a scotché la première fois que je l'ai entendu. Le coup de mélanger des riffs de gratte bien puissants avec des sons un peu radio... Ah ! Et puis l'album « Antichrist Superstar », de Marilyn Manson. Ils ont vraiment eu de trés bonnes idées sur cet album. Et on y trouve quelques interventions de Trent Reznor (Nine Inch Nails aussi, j'adore). Sinon, en vrac: Sonic Youth, les Thugs, the Cure, the Jesus Lizard, le collectif NIMP, les Beastie Boys. Y'a aussi quelques monuments du rock que j'apprécie, comme Pink Floyd, les Rolling Stones, les Doors, Janis Joplin...

Pourquoi choisir de chanter en anglais ?

— Ben je me souviens par exemple d'un morceau de Korn, où le chanteur dit « I'm just a faget ! ». Avec un pote, ça nous faisait délirer, parce que ça ressemblait presque à « j'veux juste une baguette ! ». Alors on imaginait Korn débarquer dans une boulangerie, avec le groupe au complet, ils balancent la musique et le chanteur se met à gueuler tout ce qu'il peut dans le micro et il hurle: « j'veux juste une baguette ! ». Mais bon, c'est peut-être pas la seule raison qui fait que je chante en anglais... Mais rien pour ça, ça vaut le coup de s'y mettre.

Comment, et quand, est né le « projet » Dead Joshua ?

Vers 1999, Philips lancait les premiers graveurs de CD grand public. Je revenais d'une balade en ville et là, dans ma piaule en résidence universitaire, avec ma vue imprenable sur les lampadaires du parking, j'ai réalisé d'un coup qu'avec mes instruments et mon quatre pistes, il me manquait plus qu'un graveur pour pouvoir faire mon propre CD. J'ai alors commencé à faire des arrangements, un peu comme des « best-of ». Et puis je faisais un nouveau morceau et je revoyais du coup l'ensemble du CD. Au fur et à mesure que mon CD évoluait, de temps en temps, je lui trouvais aussi un nouveau nom. Et puis un jour, j'ai pensé à « dead joshua ». Au départ, c'est donc le nom d'un CD, d'un arrangement de morceaux. Et puis c'est un nom auquel je me suis attaché, et c'est finalement comme ça j'ai décidé de me présenter quand je me suis mis à diffuser mes morceaux sur internet.

Tu es présent sur de nombreux sites de musique dite libre. L'existence de ces nouveaux moyens de diffusion a-t-elle joué un rôle dans la création de tes morceaux ? Ou bien est-ce juste une occasion dont tu as profité ?

— Un peu des deux. Quand je me suis mis à diffuser mes morceaux sur le web, j'ai commencé par me faire un petit site perso. Et puis je me suis mis à faire des recherches pour trouver des sites où je pourrais ajouter des liens vers le mien. Je suis alors tombé sur musique-libre.org (qui s'appelle maintenant dogmazic.net), et c'est comme ça que j'ai découvert les licences de libre diffusion. Donc au départ, c'est clairement une occasion dont j'ai profité. Et puis récement, je suis tombé sur un texte (« Maladroit », de Mammaroma) publié sur revolutionsoundrecords.org, avec une licence Creative Commons by-nc-sa. ça veut dire, entre autres, que Mammaroma en autorise les oeuvres dérivées. C'est un texte qui m'a plu et je l'ai repris dans un de mes morceaux, que je publie maintenant avec la même licence...

Quel bilan tires-tu aujourd'hui de la diffusion via les sites de musique libre ?

— Une sorte de prise d'indépendance des auteurs concernant la diffusion de leur musique. Les licences qui accompagnent ces diffusions constituent des appuis juridiques facilement abordables et sont en plus suffisament précises pour savoir ce que l'auteur autorise ou non concernant son oeuvre. Mais j'ai tendance à penser que ça s'inscrit dans un mouvement plus général. Y'a pas si longtemps que ça, encore, lorsqu'un artiste voulait sortir un album, et bien la plupart du temps il se mettait en relation avec un studio, ce qui impliquait au passage de se trouver un « protecteur » qui accepte de financer le projet. Maintenant, les moyens de production sont beaucoup plus accessibles et y'a de plus en plus de musiciens qui sont en même temps leur propre ingénieur du son. Là, et bien ça va encore plus loin, dans le sens où les licences libres permettent aux musiciens, déjà artistes et producteurs, de gérer aussi eux-même la diffusion de leur musique.

À quand un deuxième album ?
— Héhé ! j'y pense, j'y pense... Mais pour le moment, je sais pas encore trop. J'ai encore tout un stock de vieux sons dans lequel je pourrais piocher, histoire d'en cuisiner quelques-uns. D'autre part, depuis que je publie avec des licences libres, y'a des amorces de projets communs avec d'autres musiciens, via internet... Bon ça, c'est vraiment tout récent. Je sais pas encore trop ce que ça va donner, mais y'a des chances pour que le prochain album comporte quelques collaborations. Voilà, voilà, donc je suis ça de près en ce moment, et puis on verra bien...

Dead Joshua sur BnFlower.
Dead Joshua sur Dogmazic.
Dead Joshua sur Jamendo.
Dead Joshua sur Revolution Sound Records.

lundi, septembre 25, 2006

ok fly : Du bruit qui fait du bien !

Il y avait longtemps que je n'avais pas ressenti un enthousiasme aussi viscéral et immédiat à l'écoute d'un album de rock contemporain. Dès les premiers accords noyés dans le bruit blanc de l'« Intro », quelque chose m'a saisi et ne m'a pas lâché jusqu'à la fin de ce bref album. Dead Joshua a le sens du rythme et du riff qui accroche. Mais il a surtout le sens du bruit — ce qui, on en conviendra, n'est pas donné à tout le monde. Et puis, le chant au mégaphone, ça le fait à mort, si je peux me permettre. Un excellent album, donc — avec une petite préférence pour « No way » et « My friend ».

Le deuxième, vite !

mercredi, septembre 06, 2006

Aujourd'hui c'est mon anniversaire…

… et ce blogue en est à 999 visiteurs.

Je me demande bien si le millième visiteur pointera le bout de ses octets avant minuit.

À part ça, je ne sais pas si vous avez remarqué sur le player qui se trouve à droite de l'écran, mais mon groupe est « flower » (artiste) du mois sur BnFlower — et, en prime, je suis aussi diffuseur du mois grâce à l'ensemble de « mes » blogues et sites. Joie, bonheur et tout ça.

Oui, je sais, y a marqué « Pot » et pas « Brain Damage ». C'est à cause de mon goût pour les mauvais jeux de mots : quand je me suis inscrit sur BnF, « Flower Pot », ça m'a paru plus rigolo que « Flower Brain Damage »…

samedi, août 19, 2006

Litanie contre DADVSI

Un mot rapide pour vous dire que j'ai trouvé un autre site intéressant diffusant des morceaux sous licence libre. Je complèterai ce post plus tard (là, il faut que j'aille faire des courses pour la ch'tite fête de ce soir), mais vous pouvez déjà aller y jeter un œil — et surtout une oreille. Je vous conseille notamment le morceau Litanie contre DADVSI, d'un certain BohwaZ : un montage d'extraits de déclarations au sujet de cette loi et de l'industrie musicale, sur fond de musique assez expérimentale. Amusant et relaxant — un complément idéal à Clique sur le mulot que j'ai également mis en ligne sur ce site avec d'autres morceaux, appliquant le bon vieux (enfin, pas si vieux que ça) principe de la multiplication de l'information sur le wèbe.

mardi, août 15, 2006

Cerveaux endommagés

La photo que vous voyez à droite a été prise lors du tout premier concert de Brain Damage, durant l'été 1983. Enfin, si l'on peut appeler ça un concert : ça se passait à Bagneux, dans le jardin du pavillon du type qui nous louait sa cave pour répéter, et il devait y avoir une vingtaine de copains à tout casser…

Du moins, si l'on ne compte pas les habitants de la barre de dix étages située à quelques dizaines de mètres de là, que le volume sonore avait attirés à leur fenêtre.

Oui, on jouait fort. Un mélange de punk — hum — mélodique et de new wave speedée avec des paroles d'un goût exquis. Éric tapait comme un sourd sur ses peaux ; je me souviens qu'il plantait les — nombreuses — baguettes qu'il cassait dans le carton tapissant le plafond du local de répétition. Didier n'était pas en reste avec sa basse au manche vrillé quasiment impossible à accorder. Quant à Philippe, notre savant fou de service, il était obligé de monter le son de son clavier pour qu'on l'entende parce que Nono passait son temps à monter le son de son ampli guitare — et inversement.

On faisait tant de bruit qu'un soir, le frère de notre loueur, qui partageait le pavillon avec lui, a défoncé la porte — condamnée et planquée derrière un pan de moquette donnant sur sa cave à lui — parce que le volume était si fort qu'on l'empêchait, le pôvre, d'entendre un concert de Johnny à la télé. Et, comme j'étais précisément dans ce coin-là avec mon micro, histoire d'éviter les larsen, j'ai failli être assommé par la chute du portemanteau qui barrait la porte en question. Bon, le frangin en question s'est vite calmé, parce qu'on était cinq avec des instruments de musique contondants dans les mains et des gueules au moins aussi grandes que la sienne. Mais, tout de même, c'est pas des manières

Depuis ce soir-là, j'ai comme qui dirait du mal avec certains fans de Johnny vraiment trop agressifs à mon goût.

samedi, août 12, 2006

Dead Joshua is alive and he's livin'… somewhere in cyberspace ?

Je ne connais pas Dead Joshua. Je veux dire, pas personnellement. J'ai découvert sa musique il y a quelques jours à peine via le site BnFlower, dont je vous ai déjà parlé, et j'ai eu un véritable coup de cœur pour ses morceaux courts, bruyants et saturés. En prime, c'est un amateur de Philip K. Dick — une preuve de bon goût s'il en est. J'avais donc décidé hier de lui consacrer intégralement ma prochaine sélection.

Et voilà que, ce matin, au moment d'effectuer la sélection en question, je découvre que je suis « Bee » — c'est à dire diffuseur en langage BnF — de la semaine ! Même si je ne cours pas après les honneurs, j'avoue que ça m'a fait plaisir, et d'autant plus que la publicité faite à ce blogue sur tout le réseau BnF va également profiter à Dead Joshua, lequel n'a été que peu diffusé pour l'instant. N'hésitez pas à aller écouter ses morceaux sur sa page de « Flower » — c'est à dire artiste en langage BnF — ni à rendre une petite visite à son site aussi délicieusement minimaliste et décal(qu)é que sa musique.

Quand on pense qu'il réalise tout ça avec juste « un vieux micro, une guitare éléctrique et un enregistreur 4 pistes », ça laisse rêveur…

jeudi, août 10, 2006

Un petit pas pour l'artiste

Hier, lors d'une conversation téléphonique avec un ami, batteur d'un groupe français dont vous avez peut-être entendu parler, j'ai appris que, contrairement à ce que je croyais, la SACEM pouvait autoriser ses sociétaires à diffuser gratuitement leur musique sur le wèbe — ou plus exactement, comme vous allez le voir plus bas, sur leur site wèbe personnel — sans avoir à payer quoi que ce soit. Un tel revirement, passé relativement inaperçu malgré la publication d'un communiqué de presse en janvier de cette année, mérite d'être signalé, surtout quand on connaît les positions hiératiques sur lesquelles cette institution que je n'ose qualifier de vénérable campait jusque-là.

Avant d'aller plus loin, un peu d'histoire… Selon Wikipedia, « la SACEM est née à la suite d'un incident survenu au café-concert Les Ambassadeurs en mars 1847. Ernest Bourget, Paul Henrion et Victor Parizot, compositeurs et auteurs connus, refusèrent de payer leurs consommations, estimant qu'ils ne devaient rien puisque le propriétaire de l'établissement utilisait leurs œuvres sans les rétribuer en retour. Les trois musiciens gagnèrent un procès, qui provoqua, en 1850, la naissance d'un syndicat des auteurs regroupant 221 adhérents. L'année suivante, il prend son nom définitif de SACEM.

» La société se développe alors sur l'ensemble du territoire français (181 agences en 1858). Avec l'apparition du phonographe, puis de la radioduffusion et du cinéma, la SACEM étend son activité à de nouveaux média. Ce sera plus tard le disque microsillon, la télévision, la FM, le CD, internet… »

La SACEM est donc née d'une nécessité : rémunérer les auteurs et les compositeurs en fonction de l'utilisation faite de leur œuvre. Apparue sous la fort brève IIe République, elle a poursuivi son activité indépendamment des soubresauts politiques et des changements de régime, traversant un empire, trois autres républiques et l'Occupation. Si vous voulez en savoir plus sur la spoliation dont furent victimes certains sociétaires durant cette dernière période, je vous renvoie à ce document qui fait le point sur la question.

Censée défendre les droits des créateurs, la SACEM n'a jamais été réputée pour sa souplesse ni sa générosité à l'égard de ceux qui ne respectent pas ses règles. Sa position lors du débat autour de la loi DADVSI a même été d'une rigidité d'anthologie. Alors, une évolution est-elle en train de se dessiner dans la vision que cette valétudinaire institution a du wèbe et de la diffusion d'œuvres musicales dont elle détient les droits ?

La lecture des conditions préalables à l'autorisation de diffusion suggère le contraire.

Eh oui, la SACEM peut donner à ses sociétaires l'autorisation de diffuser gratuitement leurs œuvres sur leur page ou site wèbe sans verser de redevance… mais c'est tout. Non seulement il est hors de question qu'ils en profitent pour vendre les œuvres en question, mais ils ne peuvent même pas indiquer où se les procurer moyennant finances. Le système en place a l'air de s'être entrouvert, mais il demeure verrouillé. Devinez au profit de qui ?

Allez, je serai gentil, pour une fois : c'est quand même un grand pas pour la SACEM… mais un (tout) petit pas pour les artistes

mardi, août 08, 2006

« Hector, vous avez du style… »

Non seulement je ne suis toujours pas guéri, mais j'ai l'impression que mon état général s'est dégradé, après une vague amélioration pendant un couple de jours, comme on dit dans les (très) mauvaises traductions. Impossible de travailler, et même rédiger ce blogue me pose des difficultés.

Tout ce que j'ai réussi à faire ce matin, c'est un scan pas très réussi d'une pochette de disque. Comme on peut le deviner sans difficulté, il s'agit d'un album disco datant de 1979, a priori enregistré à Munich. La musique est anodine, voire médiocre, en tout cas bien moins flamboyante qu'on pourrait l'espérer à la vue de la pochette. Néanmoins, la liste des titres vaut le déplacement :

Automatic Lover
Red Elight
Galaxy Of Love
Meteor Man
Venus, The Goddess Of Love
Galaxy Police
Cosmic Curves
Falling Into Space

dimanche, août 06, 2006

Marie ne doit pas cacher Laforêt

Marie Laforêt est l'une des rares chanteuses de variétés qui trouve grâce à mes yeux. D'abord, à cause de sa magnifique voix rauque. Elle aurait vraiment dû chanter du rock, et je ne peux qu'imaginer un monde où elle serait devenue un genre de Grace Slick ou de Marianne Faithful française. Il y a aussi ce regard extraordinaire, qui va de pair avec une présence à mon sens exceptionnelle. Ceux qui l'ont vue dans Plein soleil de René Clément ou La Fille aux yeux d'or de Jean-Gabriel Albicocco — où elle éclipse Françoise Dorléac elle-même —, voire, plus récemment, dans Tykho Moon de Bilal, comprendront ce que je veux dire.

Dans les années 1960, au temps de ces EP aux pochettes cartonnées et illustrées que le monde entier continue à nous envier aujourd'hui, les producteurs parisiens faisaient encore interpréter par des artistes locaux des versions francisées des grands tubes anglo-saxons. Ce qui a donné, entre autres chef-d'œuvres flamboyants, l'inénarrable « Sous-marin vert » des Compagnons de la Chanson, adaptation du « Yellow Submarine » des Beatles, « Fleur sauvage » de Claude François, splendide massacre du « Wild World » de Cat Stevens, ou encore « San Francisco », reprise du morceau éponyme de Scott Mackenzie par notre Johnny national, bien avant que celui-ci ne devienne faire-valoir du président de la principale cible de ce blogue.

C'est ainsi que Marie Laforêt s'est retrouvée en 1967 à interpréter une chanson intitulée « Marie douceur, Marie Colère », qui n'est autre que l'adaptation de « Paint It Black » — oui, le génial morceau psychédélique des Rolling Stones dont la partie de sitar jouée par Brian Jones a ravi, sans charres, des millions d'adolescents — mais aussi, je suppose, faire un tantinet grincer des dents Ravi Shankar ! Si la loi française ne punissait pas de trois ans de prison et de 300 000 euros d'amende le fait de mettre en ligne un morceau de musique sans l'accord des ayant droit, c'est avec plaisir que je vous l'aurais fait écouter, mais ma lâcheté fondamentale et l'état de mon compte en banque, alliés à un manque de goût certain pour la paille humide des cachots, me déconseillent vivement de braver les foudres de la justice. Cela dit, le morceau a été maintes fois réédité sur plusieurs compilations, en vinyle comme en CD, et vous n'aurez aucun mal à le trouver si vous avez envie d'y jeter une oreille. Ce que je ne peux que vous encourager à faire car, en dépit de paroles… euh… sans rien de remarquable, ainsi que de l'absence du coda déchirant où le sitar se déchaîne, « Marie douceur, Marie colère » mérite d'être tiré de l'obscurité rien que pour la voix de Marie Laforêt et les émotions qu'elle y fait passer. Si vous ne devez en écouter qu'un seul, que ce soit celui-là.

Néanmoins, les plus grand(e)s artistes commettent parfois des fautes de goût. Si chanter du Didier Barbelivien en est incontestablement une, on peut cependant difficilement jeter la pierre à Marie Laforêt car chacun sait bien que le système traditionnel de production musicale de notre pays ne laisse pas toujours beaucoup de latitude aux simples interprètes dans le choix de leurs chansons. Mais comment a-t-elle pu, en 1977, accepter de poser pour une pochette aussi kitsch et flamboyante que celle que vous pouvez voir ci-dessous ?


J'en suis encore à me le demander.


N'empêche qu'elle demeure nettement plus expressive, et surtout bien plus crédible et convaincante, que la plupart des chanteuses de variétés, tant ses contemporaines que d'autres plus récentes — comme celle-ci, ou encore celle-là.

mardi, août 01, 2006

Maurice Larcange forever

Acheter des vinyles est une habitude dont il est difficile de se défaire, surtout quand on a y a pris goût dans les années 1980, à une époque où énormément de gens se débarrassaient à bas prix de leur discothèque pour (essayer de) la remplacer par des CD. Je me souviens par exemple d'avoir dégoté sur une brocante plusieurs albums de Gong en pressage anglais, état neuf, pour dix francs pièce. Et l'un de mes meilleurs souvenirs est d'avoir, au tout début du millénaire, trouvé dans le même carton de disques le pressage français original de With The Beatles et leur unique 25 cm français (la fameuse « wig cover »), le premier pour cinq euros et le second pour trois — « parce qu'il est plus petit », dixit le vendeur.

Mais on ne peut pas toujours tomber sur des perles, et il arrive à l'amateur de vinyle d'acheter à bas prix des lots disparates dont une bonne partie est d'entrée destinée à finir dans la benne la plus proche. Comme au début de cette année, quand j'ai parcouru quelques quatre-vingts kilomètres aller-retour pour revenir avec la plus pitoyable pile de 33 et de 45 tours qu'il m'ait jamais été donné d'acquérir — tout ça parce que j'avais fait le trajet, que la dame était sympa et qu'il y avait dedans deux ou trois LP pas trop nuls et le seul EP de Johnny intéressant à mes yeux, celui où il chante « Et j'entends et je vois des couleurs et des sons » avec des chœurs de filles qui font « psychedelic » derrière. Ah que voilà un morceau que j'aimerais partager avec vous si la loi m'y autorisait !

Et puis, en triant ces effroyables drouilles, je suis tombé sur ça :


Si l'on peut tout à fait oublier Maurice Larcange sur le plan musical, il me semble que cette pochette est assez flamboyante pour lui valoir de passer à la postérité.

Nullités flamboyantes

J'ai plein de sujets en réserve pour ce blogue, mais, là, je suis malade comme un chien avec une fièvre de cheval et incapable de me concentrer plus de quelques minutes sur quoi que ce soit. Du coup, pour me remonter le moral, je suis allé faire un tour sur quelques sites consacrés à ce que j'appelle la « nullité flamboyante ». N'étant pas vraiment en état de rédiger une définition claire de ce concept, je vais me limiter pour aujourd'hui à l'illustrer en vous envoyant ici, , ou encore .

Enfin, il y a ça, mais je suppose que vous en avez déjà entendu parler…

Si vous connaissez d'autres sites du même genre, je suis évidemment preneur. Les commentaires sont là pour ça.