mercredi, octobre 18, 2006

Les New York Dolls n'ont fait qu'un album


C'est France Inter qui le dit : un seul album intitulé Too Much, Too Soon, d'où est tiré « Personality Crisis », l'un des morceaux passé à l'antenne. La pochette ci-contre est donc une contrefaçon, tout comme le disque dans ma discothèque. Il n'y a jamais eu d'album simplement baptisé New York Dolls dont la première face commencerait, éventuellement, par « Personality Crisis ».

Comme ils jouent ce soir à Paris, le deuxième titre diffusé était extrait du récent album sorti par les deux survivants : David Johansen et Sylvain Sylvain. Rien de mémorable. Un truc carré et compétent. Justement.

Tout se perd, ma bonne dame.

vendredi, octobre 06, 2006

S'il y a un économiste dans la salle


Comme je le disais l'autre fois, il reste à trouver un modèle économique pour la musique libre. Il me semble que le modèle en question a des chances de prendre la forme d'une nébuleuse de modèles plus petits, plus « sectorisés ». En fait, il ne peut être que modulaire : une myriade de filières économiques formant un tout organisé autour de la musique en copyleft.

S'il y a un économiste dans la salle, il a le droit de donner son avis sur la viabilité d'un tel ensemble. Et de suggérer quelques solutions le cas échéant.

Prenons l'exemple d'un morceau sous licence Creative Commons 2.5 by-nc-nd. Il est copiable, diffusable, etc. du moment qu'on n'en fait pas un usage commercial — et on n'a pas le droit de le modifier ou d'en emprunter des bouts. Je précise cette licence n'obère pas la possibilité pour le(s) propriétaire(s) du morceau d'autoriser un usage commercial ou un sample ou une reprise, etc. Il suffit de lui/leur demander ; grâce au wèbe, ce n'est vraiment pas difficile. (Je passe sur la définition à géométrie variable de l'« usage commercial ». Il y aurait vraiment trop à dire.)

Maintenant, imaginons que le(s) auteur(s) du morceau en question désire(nt) que ce morceau leur rapporte des sous. La première idée qui me vient à l'esprit est de faire un disque. Bon, ça nécessite d'avoir d'autres titres, mais c'est généralement le cas.

Recourir à la filière du disque revient bien entendu à emprunter un bout du modèle économique dominant. Ça ne mange pas de pain. Le disque est un produit éprouvé, on connaît bien ses seuils de viabilité économique, le réseau de diffusion est clairement identifié. Il offre des choix multiples, du pressage privé d'un vinyle autoproduit à cinquante exemplaires à la production de masse de CD.

Si l'on considère le disque, et le disque uniquement, avec l'œil d'un acheteur éventuel, ça ne fait aucune différence que les auteurs des titres qui y figurent adhèrent à une société de gestion des droits ou qu'ils aient choisi une licence libre. De ce point de vue, le copyleft ne constitue pas un handicap. Et c'est un avantage dès lors que l'on considère ce que cet acheteur, s'il a fini par craquer, va pouvoir faire légalement de ce disque : le copier sous une forme ou sous une autre pour lui-même ou pour sa petite amie, sa sœur, son meilleur pote ; le diffuser sur son site pour le faire découvrir à d'autres, qu'il ne connaît pas forcément ; le partager via le peer-to-peer ou de toute autre manière qui lui plaira…

De toute manière, dans le cas de figure que j'ai choisi, le disque y est déjà, sur le wèbe. Écoutable et téléchargeable en mp3, en ogg, etc. Et ce sont ses ayant droits qui l'y ont mis.

Oui, bon, d'accord, me direz-vous. Mais qui irait payer pour ce qu'il peut avoir — ou même a eu — gratuitement ?

Je vous épargne la sempiternelle démonstration sur la différence de qualité sonore. Qui est déjà presque obsolète, d'ailleurs : avec l'accélération de la vitesse de transmission, les formats compressés finiront tôt ou tard par s'effacer en faveur des formats lossless. L'acheteur peut avoir beaucoup de raisons de faire l'emplette de ce disque, mais celles qui reviendront le plus souvent seront a priori 1) pour aider l'artiste et 2) pour l'objet. Et l'on peut supposer qu'un individu enclin à acheter un disque pour aider un artiste sera d'autant plus tenté de le faire si l'objet qu'on lui propose est séduisant, offre un plus tangible par rapport à une simple copie numérique, même d'excellente qualité.

C'est ici que ce bout de modèle économique diverge du modèle dominant. Car cette mise en avant de l'aspect « objet » du disque joue en faveur du vinyle. Et d'autant plus à une époque où les publicitaires vont jusqu'à l'employer pour suggérer une idée de luxe. Si l'on désire aider un artiste dont on a déjà téléchargé la musique en copyleft, on peut tout aussi bien acheter un vinyle qu'un CD.

Cette filière ne concerne naturellement pas ceux qui n'ont pas de platine vinyle et ne désirent pas en acquérir une. Mais, je le rappelle, c'est un petit champ économique parmi bien d'autres, qui demeurent sans doute à inventer pour la plupart.

Tout repose en fait sur le pouvoir de fascination que le vinyle est capable d'exercer sur les amateurs de musique. Pour un support que l'on disait condamné, il ne se porte pas si mal : les nostalgiques du passé et les DJ lui ont évité de disparaître alors que les majors l'avaient condamné. Bien sûr, on ne reviendra jamais à l'époque où il dominait le marché de la musique. Mais ce n'est pas le but.

Là où je veux en venir, c'est qu'il est possible qu'il y ait — ou qu'il y aura un jour — un marché spécifique pour des vinyles dont les titres seraient en libre diffusion sur le wèbe et ailleurs, et que son importance dépendra sans doute de la place occupée par le vinyle dans l'inconscient collectif. Cela dit, une partie du marketing est déjà faite : lorsqu'un spot de pub l'emploie pour suggérer le luxe, chaque passage de ce spot inscrit de plus en plus profondément cette idée dans l'esprit de ceux qui voient les images.

Le marketing n'a pas pour but de vous vendre un objet, mais une idée d'objet, je suis curieux de voir si l'idée du vinyle peut être favorable au copyleft.


Et vice versa.