samedi, janvier 06, 2007

Pompiers hallucinés


Quand nous donnions des concerts avec Brain Damage, nous avions pris l'habitude de les terminer avec « Pompiers hallucinés », une chevauchée punkoïde de quelques quatre minutes qui, avec le temps, s'est étirée jusqu'à six, sept, voire huit minutes — comme beaucoup de morceaux de fin de concert — avec un long breakdown sur lequel j'improvisais un texte en roue libre, avec interpellation du public et tout le toutim, sur le thème de ces vaillants combattants du feu tellement à côté de la plaque qu'ils finissaient par danser autour d'une tour en flammes, oublieux de leur mission.

De fait, le pompier halluciné était devenu l'emblème du groupe. Dessiné par Francis Saint-Martin, dessinateur et fanéditeur réputé dans les années 80 pour les pastiches de romans populaires qu'il publiait à tour de bras — si vous êtes curieux, faites donc une recherche Google sur "Pocket Caribou" ou "Fleure Noir Anticipation", par exemple —, il s'est retrouvé sur l'affiche que vous pouvez voir ci-dessus, mais aussi sur un immense drap que nous accrochions au fond de la scène durant les concerts, ainsi que sur la pochette de notre premier album. Nous avions même récupéré un casque de la défense civile datant de la Deuxième Guerre mondiale qui pouvait passer, à la rigueur, pour un casque de pompier, que tous les membres du groupe ont dû poser sur leur tête à un moment ou à un autre. Je n'ai pas retrouvé de photo de concert avec ce casque, mais vous pouvez le voir sur la photo ci-contre, fièrement arboré par Nono dans les loges du Gibus à la fin des années 80.

À l'époque, enregistrer des morceaux n'était pas aussi facile qu'aujourd'hui. Les ordinateurs étaient moins puissants — le premier Macintosh que j'ai acheté avait un Mo de mémoire vive, avec un disque dur de vingt Mo — et une journée de studio coûtait la peau des fesses. En 1989, nous avons enregistré « Pompiers hallucinés » sur le huit-pistes à cassette du studio de répétitions où travaillaient Nono et Hubert, notre bassiste d'alors — une version courte et d'une grande sobriété, sans le breakdown évoqué ci-dessus. Puis, en 1991, quand je travaillais dans le studio en question, nous en avons réalisé une autre, avec breakdown, que j'ai eu toutes les peines du monde à mixer tant elle était bordélique — et qui a donc hérité du qualificatif d'« acid mix ».

Vous pouvez les trouver toutes les deux ici, sur Dogmazic, comme deux témoignages d'une époque si proche et déjà si lointaine où l'astuce était reine et le bricolage de rigueur.

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